Discipline: le retrait

Discipline: le retrait
Votre enfant ne se conduit pas bien. Est-ce une bonne solution de le mettre en retrait?


Certains parents placent parfois leur tout-petit à l’écart lorsqu’il ne se comporte pas selon leurs attentes ou ne suit pas les consignes. Cette méthode s’appelle le retrait. Il s’agit d’une méthode qui ne fait toutefois pas l’unanimité. Pour de nombreux experts, le retrait a tout de même sa place comme méthode de discipline à condition qu’il soit bien utilisé.

Qu’est-ce que le retrait?

Le retrait est une méthode de discipline qui consiste à retirer un enfant d’une situation qui provoque un comportement inadéquat et à l’installer dans un endroit calme et sécuritaire. Cela éloigne l’enfant des stimulations qui peuvent maintenir ou favoriser le comportement indésirable. Le retrait vise aussi à aider l’enfant à se calmer et à gérer ses émotions.

Mettre un enfant en retrait ne doit toutefois pas être la première réaction des parents lorsque leur enfant a un comportement inadéquat. Le retrait est considéré comme une méthode de dernier recours. Il devrait être uniquement utilisé lorsqu’aucune autre stratégie n’a fonctionné pour calmer l’enfant.

Ce que le retrait n’est pas

Le retrait ne devrait pas être utilisé comme une punition. Il vise plutôt à offrir un environnement calme et sécuritaire à l’enfant qui a un comportement inadéquat (ex. : crier, taper, donner des coups de pied) et qui n’est pas réceptif à d’autres interventions.

Le retrait n’est pas non plus une période de réflexion. Les tout-petits n’ont pas encore la capacité de réfléchir à ce qui vient tout juste de se produire. En effet, ils sont envahis par leurs émotions et ils n’ont pas de recul par rapport à la situation. De plus, ils ne possèdent pas encore la capacité d’introspection nécessaire pour faire cette réflexion.

Que cachent les comportements des enfants?

Les enfants peuvent se sentir dépassés par les émotions et les besoins qu’ils ressentent. Lorsque cela se produit, ils peuvent adopter des comportements considérés comme inappropriés ou inadéquats. C’est leur manière de dire que quelque chose ne va pas. En bas âge, ils n’ont pas encore la capacité de comprendre les émotions ressenties ni les mots pour les exprimer.
Pour cette raison, ne vous arrêtez pas au comportement de votre enfant, mais essayez plutôt de comprendre ce qu’il tente d’exprimer en agissant ainsi. Il a besoin de votre aide pour apprendre à reconnaître, à exprimer et, ensuite, à réguler ses émotions. Vous pouvez l’aider en parlant brièvement avec lui des émotions qu’il ressent et en étant un bon modèle pour lui.

À partir de quel âge utiliser le retrait?

Le retrait est en général approprié pour les enfants de 3 à 6 ans. Selon des spécialistes, les enfants de moins de 3 ans pourraient percevoir le retrait comme un abandon de la part de leurs parents.

Par ailleurs, lorsqu’un tout-petit adopte un comportement inadéquat, il est envahi par ses émotions, qu’il n’est pas encore en mesure de comprendre. Cela peut être très inconfortable pour lui. Il a besoin de se sentir en sécurité pour les ressentir et de la présence réconfortante de ses parents pour s’apaiser.

Le retrait peut aussi être efficace pour les enfants de 7 à 12 ans qui présentent des problèmes de comportement (ex. : opposition, impulsivité, agressivité). Toutefois, le retrait ne fonctionne pas toujours avec les enfants de cet âge. Dans ce cas, il est plutôt suggéré de se tourner vers le retrait de privilèges (ex. : réduction du temps d’écran).

Cependant, le retrait de privilège est une intervention de dernier recours. Il est plus efficace d’utiliser des stratégies de connexion parent-enfant, de faire du renforcement positif, d’encourager l’enfant et d’être un bon modèle.

Le retrait, pas seulement pour les enfants

Le retrait peut aussi être utile pour aider les parents à garder leur calme et ainsi éviter qu’ils se mettent en colère contre leur enfant. Par exemple, si vous êtes sur le point de perdre votre sang-froid, vous pouvez dire à votre enfant : « Je me sens énervé, j’ai besoin de prendre une pause » avant de vous retirer dans un endroit calme, comme votre chambre. Assurez-vous tout de même que votre enfant continue d’avoir une supervision sécuritaire (ex. : l’autre parent, un enfant plus vieux).
Votre enfant constate alors que le retrait n’est pas une punition, mais plutôt un moyen de se calmer. Vous lui montrez ainsi une façon positive de réguler ses émotions qu’il pourra utiliser à son tour au besoin. Idéalement, revenez vers votre enfant lorsque vous avez retrouvé votre calme. Reprenez contact avec lui, faites un bref retour sur ce qui s’est passé et, très important, réconciliez-vous, par exemple avec un câlin.

Avant d’en arriver au retrait

Si vous souhaitez utiliser le retrait, rappelez-vous qu’il s’agit d’une méthode de dernier recours. Avant d’imposer un retrait, essayez d’autres interventions pour encourager votre enfant à se conformer à votre demande. En voici quelques-unes :

Lorsque vous parlez avec votre enfant, mettez-vous à sa hauteur, établissez un contact visuel et utilisez une voix calme et apaisante.
  • Formuler une demande claire, positive et sans ambiguïté
  • Donner un délai
  • Expliquer, discuter et trouver des solutions ensemble
  • Prendre des respirations profondes
  • Nommer les émotions observées chez votre enfant et écouter comment il se sent
  • Demeurer à proximité et offrir de l’aide au besoin
  • Faire un rappel clair de la demande
  • Ignorer un comportement (non dangereux pour votre enfant ou les autres)

Ces interventions envoient le message à votre enfant que ses émotions sont normales, qu’elles soient agréables à ressentir ou non. Il apprend alors à écouter davantage ses émotions et à s’autoréguler.

Prévenir l’apparition de comportements inappropriés

Le renforcement positif des comportements désirables et attendus est beaucoup plus efficace que la punition pour augmenter la probabilité que votre enfant adopte un comportement positif. Offrir de l’attention positive à votre enfant, partager souvent des moments de qualité avec lui, s’intéresser à ce qu’il aime, prendre le temps de l’écouter et avoir des interactions agréables et positives avec lui contribue aussi au développement de comportements plus positifs.

Comment bien utiliser le retrait?

Avant le retrait

Lorsque vous avez recours au retrait, restez calme et n’agissez pas sur le coup de la colère. L’environnement doit être positif et sécurisant pour votre enfant. Il ne doit pas se sentir humilié ni insulté lorsqu’il est mis en retrait. Il doit comprendre que le retrait sert à l’aider à retrouver son calme. Le retrait doit être utilisé avec bienveillance.

Votre enfant doit aussi savoir à l’avance quels sont les comportements qui mènent au retrait. Vos attentes et vos limites doivent donc être claires, prévisibles et cohérentes d’une fois à l’autre et d’un parent à l’autre.

Pendant le retrait

Lorsque vous placez votre enfant en retrait, installez-le dans une pièce où il se sent à l’aise et où il n’a pas peur. Le retrait devrait durer de 2 à 5 minutes, et non pas une minute par tranche d’âge comme plusieurs le croient.

Pendant la période de retrait, ne vous éloignez pas trop afin de vous assurer que votre enfant est en sécurité. Vous pouvez aller un peu plus loin dans la pièce ou de l’autre côté de sa porte de chambre s’il adopte des comportements intenses et agressifs. Si votre enfant vous demande de rester seul, respectez son besoin de solitude et dites-lui que vous n’êtes pas loin s’il a besoin de vous.

Si votre enfant commence à jouer pendant le retrait, laissez-le faire. En intervenant, vous lui donneriez de l’attention négative, ce qui l’empêcherait de se calmer et de s’apaiser. Il est donc préférable de faire de l’ignorance intentionnelle, à condition que ses comportements soient sécuritaires pour lui-même et les autres.

Après le retrait

Parent qui discute avec son enfant après une période de retrait

Lorsque le temps convenu est écoulé, voyez si votre enfant est assez calme pour discuter. Vous pouvez lui dire que la période de retrait est terminée et lui demander s’il est prêt à vous parler.

S’il ne répond pas ou s’il dit que non, la période de retrait devient une période de retour au calme jusqu’à ce qu’il soit suffisamment apaisé. Si votre enfant est calme, mais qu’il n’a pas envie de parler, respectez son désir de ne pas parler pour le moment.

Immédiatement après la période de retrait ou plus tard si votre enfant n’a pas envie de parler à ce moment, prenez le temps de faire un retour avec lui pour réfléchir à la situation (ex. : Que s’est-il passé? Pourquoi le retrait a-t-il été nécessaire? Pourquoi les autres interventions n’ont-elles pas fonctionné? Qu’est-ce qui est attendu de lui?).

Nommez clairement le comportement inadéquat qui a mené votre enfant au retrait. Par exemple : « Je t’ai mis en retrait, car tu étais en colère et tu as tapé ton frère. Je voulais que tu te calmes, car taper n’est pas permis. » Puis, trouvez ensemble ce qu’il pourrait faire la prochaine fois si une situation semblable se reproduisait. Prenez ensuite le temps de vous réconcilier.

Enfants opposants ou qui argumentent

Pour les enfants particulièrement opposants, il est préférable d’éviter le plus possible d’argumenter, de justifier et d’expliquer. Il est plus efficace de demander clairement à l’enfant d’arrêter son comportement inadéquat et ensuite de lui laisser quelques secondes pour qu’il fasse ce qui lui a été demandé, en comptant jusqu’à 3 à vitesse constante sans utiliser les 2 et demi, 2 et trois quarts… Si rien ne se produit, l’enfant est mis en retrait. Durant le retrait, il est conseillé de faire de l’ignorance intentionnelle afin de couper le lien de communication avec l’enfant tout en demeurant calme et sécurisant.

Contre-indications au retrait

Il est déconseillé d’utiliser le retrait auprès d’un enfant qui présente des difficultés liées à l’attachement (ex. : enfants adoptés ou ceux ayant un diagnostic de trouble d’attachement). Le retrait pourrait alors provoquer une peur de l’abandon qui pourrait nuire à la relation de confiance envers le parent.

De même, les enfants particulièrement anxieux pourraient être affectés par l’utilisation du retrait. Ils pourraient adopter un comportement calme pour pouvoir rétablir le contact avec leur parent sans ressentir réellement ce calme en eux. En période de crise, ces enfants ont besoin plus que jamais de la proximité d’une personne réconfortante, comme leurs parents, pour s’apaiser.

Une pratique qui ne fait pas l’unanimité

Le retrait est la deuxième méthode de discipline la plus utilisée au monde, après les explications. Il est utilisé depuis les années 1970 et il a atteint son apogée de popularité dans les années 2000 en raison d’une émission britannique. Jo Frost, connue sous le nom de Super Nanny, y encourageait les parents à utiliser une chaise en particulier ou une marche d’escalier pour retirer leurs enfants qui ne se conformaient pas à leurs demandes.
Cependant, en 2014, le magazine Time a publié un article avançant que cette technique pourrait être dommageable pour l’enfant ainsi que pour le lien de confiance parent-enfant. Les experts et les parents ont alors commencé à se positionner « pour » ou « contre » le retrait.
Depuis 2014, d’autres études ont avancé que le retrait, lorsqu’il est bien utilisé, peut être bénéfique pour réduire les comportements inadéquats chez les enfants, et ce, sans nuire à la santé émotionnelle des enfants ni à leur relation avec leurs parents.
À ce jour, aucun consensus n’a été établi quant aux effets potentiellement positifs ou néfastes de la technique du retrait.

À retenir

  • Le retrait est une méthode de discipline de dernier recours qui devrait être utilisée uniquement lorsque toutes les autres interventions possibles n’ont pas fonctionné.
  • Il n’est pas recommandé d’utiliser le retrait chez les enfants de moins de 3 ans.
  • Pendant le retrait, l’enfant devrait être placé dans un endroit où il se sent en sécurité, à proximité de ses parents.
Naître et grandir

Adaptation web :Équipe Naître et grandir
Recherche et rédaction : Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice
Mise à jour : Avril 2025

Photos : GettyImages/katiafonti et Portra

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BILODEAU, Mélanie. Soyez l’expert de votre tout-petit : éduquer dans la parentalité sécurisante. Québec, Éditions Midi trente, 2022, 240 p.
  • DOYON, Nancy et Suzie CHIASSON-RENAUD. Pleurs, crises et opposition chez les tout-petits… et si c’était de l’anxiété? Québec, Éditions Midi trente, 2018, 192 p.
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2022, 200 p.
  • HAMEL, Sarah. Le Ti-pou d’Amérique de 7 à 12 ans : mieux le comprendre pour mieux intervenir. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2023, 256 p.
  • HAMEL, Sarah et Amélie LEGAULT. Ti-pou est très fâché. Laval, Saint-Jean Éditeur, 2024, 32 p.
  • HAMMARRENGER, Benoît. L’opposition : ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs. 2e éd., Québec, Éditions Midi trente, 2023, 232 p.
  • HAMMARRENGER, Benoît. De l’opposition à la communication. Québec, Éditions Midi trente, 2022, 200 p.
  • HAWES, David J. Evidence-based parenting: How to deal with aggression, tantrums and defiance. 2018. theconversation.com
  • HEID, Markham. « Are Time-Outs Harmful to Kids? The Latest Research Says Otherwise », Time, 15 octobre 2019. time.com
  • KNIGHT, Rachel M. et autres. « Longitudinal Relationship Between Time-Out and Child Emotional and Behavioral Functioning », Journal of Developmental & Behavioral Pediatrics, vol. 41, n° 1, janvier 2020, p. 31-37. journals.lww.com
  • RAISINGCHILDREN.NET.AU. A positive approach to discipline: babies and children. 2024. raisingchildren.net.au
  • RAISINGCHILDREN.NET.AU. Quiet time and time-out: positive behaviour strategy. 2024. raisingchildren.net.au
  • READDICK, Christine A. et Paula L. CHAPMAN. « Young Children’s Perceptions of Time Out », Journal of Research in Childhood Education, vol. 15, n° 1, 2000, p. 81-87.
  • SIEGEL, Daniel J. et Tina PAYNE BRYSON. « Time-Outs’ Are Hurting Your Child », Time, 23 septembre 2014. time.com
  • SIEGEL, Daniel J. You Said WHAT About Time-Outs?! 29 octobre 2014. drdansiegel.com
  • SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE. L’importance des relations : comment les cliniciens peuvent soutenir des pratiques parentales positives pendant la petite enfance. Document de principes. 2019. cps.ca
  • ZAFAR, Amina. Time out for time outs: Why pediatricians now promote “positive parenting”. 2019. cbc.ca

Partager

À lire aussi